Depuis plusieurs années maintenant, le SETCa réclame une discussion avec Comeos, la fédération patronale du commerce, concernant l’avenir du secteur. Notre secteur est en effet en proie à d’importants changements liés notamment à l’évolution des habitudes de consommation, à la concurrence, à la numérisation et à son impact de plus en présent dans nos vies quotidiennes. En 2017, pas moins de 10,05 milliards d’euros ont été dépensés en achats sur Internet ; et cette tendance va continuer à s’accentuer de façon exponentielle. De récentes projections montrent que l’e-commerce va voir ses ventes bondir de 40 % cette année en Belgique ! Le chiffre d’affaire attendu en 2019 est de € 14 milliards pour une dépense mensuelle moyenne de € 150 des e-shoppers ! Bien qu’étant déjà de taille, l’e-commerce ne constitue pas le seul défi pour le secteur du commerce : les questions de guerre des prix, de filialisation, l’attrait grandissant des circuits courts constituent également des défis de taille.
Ces nombreux défis obligent le secteur à se remettre en question et à repenser son modèle de développement, au risque d’aller vers de nouveaux plans de restructuration. Les premières victimes de ces changements massifs sont évidemment les 250.000 travailleurs du secteur qui sont les premières variables d’ajustement et qui sont confrontés à une pression du travail grandissante dans un avenir toujours plus incertain.

Dès lors, le SETCa a rassemblé près de 200 militants le 6 mai dernier lors d’une journée d’étude. L’objectif : tenter de formuler des réponses concrètes à tous ces défis et encore davantage. Quel avenir pour la grande distribution ? Comment contribuer, en tant que syndicat, à un secteur du commerce fort ?
Défis et dangers pour le secteur
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Pierre-Alexandre Billiet, CEO du groupe Gondola et auteur de quelques ouvrages traitant de la façon de lancer un commerce électronique avec succès. . Par sa maîtrise du sujet, il nous a apporté un éclairage très intéressant sur les défis et dangers pour le secteur.
Comme il l’explique : « Les représentants des travailleurs jouent un rôle prépondérant pour l’avenir de la grande distribution. L’e-commerce n'est pas une fatalité mais il est nécessaire d’y apporter des réponses. Son impact n’est pas encore total ; l’étendue des conséquences sera perceptible d’ici une vingtaine d’années. Il faut anticiper.»
Saviez-vous que dans l’e-commerce, les marchandises vendues ne sont pas toujours ajoutées au chiffre d’affaires des magasins ? C’est l’un des dangers de la croissance du commerce électronique : les filiales des chaînes qui misent sur l’e-commerce se retrouvent ainsi parfois dans des situations problématiques. L’e-commerce change profondément le visage du commerce.
Depuis plusieurs années, on assiste à une guerre des prix entre les grandes enseignes avec une tendance aux 1+1 gratuits ). Comme l’indique P.-A. Billiet, ce modèle de commerce basé sur la guerre des prix constitue « une destruction massive de valeur commerciale et écologique ». Il devient urgent de repenser le modèle.
Il faut pouvoir proposer des solutions alternatives. Toujours selon lui, une des pistes pour réformer le modèle du commerce serait une plus grande réflexion autour de ce qu’il appelle un « écosystème » et sortir de la logique de la guerre des prix.
Chaque enseigne, chaque acteur du commerce devrait se poser la question sur l’impact des différentes ressources (matières premières, emploi, fournisseurs, etc.). Une implication et une meilleure collaboration entre l’ensemble des acteurs autour d’un écosystème durable est indispensable.
D’après une étude récente, le consommateur à l’horizon 2020 veut :
- La liberté de choix
- Du temps (plus important que l’argent)
- De la sécurité. Le consommateur ne se sent pas en sécurité (allergies, dangerosité des produits, etc.)
- La récompense de ces efforts.
On n’arrête pas l’e-commerce
Les éléments qui sont ressortis lors de cette journée d’études sont des lignes claires dont nous devrons tenir compte à l’avenir.
Tous les participants sont conscients du fait que notre organisation, en tant que syndicat, mais également en tant que travailleurs, nous nous trouvons face à de grands défis. Le monde et le consommateur changent. Nous ne pouvons pas arrêter l’e-commerce, c’est donc à nous de veiller à ce qu’il n’entraîne pas de pertes d’emplois ni n’impacte défavorablement les conditions de travail.
Le SETCa continuera de combattre pour que cela n’arrive pas. Bien entendu, nous restons toujours ouverts à une discussion constructive à ce sujet avec la fédération patronale du secteur du commerce !