Est-ce prendre des risques ?
Avons-nous à prendre des positions sur les enjeux pédagogiques, sur la structure de l’enseignement ? L’état de l’enseignement et ses paradoxes ont fait que le SETCa SEL a pris des options sur certains sujets et a peu à peu défini un principe : aucune réforme pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves ne peut se réaliser en aggravant les conditions de travail des enseignants ; aucune réforme pour améliorer les conditions de travail des enseignants ne peut se réaliser au détriment des conditions d’apprentissage des élèves. Il y a peu, un journal déclarait que les responsables des syndicats de l’enseignement avaient pris des risques en travaillant au Pacte d’Excellence... Était-ce prendre des risques que de tenter de faire aboutir des revendications ? Se retrouve dans le Pacte un certain nombre de celles du SETCa SEL pour améliorer l’image, l’attractivité de la profession ainsi que les conditions de travail des enseignants, en articulation avec les conditions d’apprentissage des élèves. Une grande partie de ce numéro du Grain de SEL fait le point sur ce que deviennent les projets de réforme du Pacte et les enjeux essentiels : les engagements sont-ils tenus ? Les conditions de travail vont-elle s’améliorer ? En février 2015, plusieurs rencontres avec la Ministre Milquet ne nous avaient pas rassurés sur les intentions et sur la procédure. Le SETCa SEL avait notamment insisté sur la nécessaire consultation des travailleurs de l’enseignement et avait reçu avec perplexité l’annonce d’une consultation permanente on line.
Dans la foulée, le SETCa SEL avait évoqué les consultations formelles du printemps 2004 menées par les facultés St-Louis pour le Gouvernement. La Ministre Arena n’en avait rien fait alors qu’il y avait là des demandes et des informations d’une grande importance, tant sur les réformes développées depuis le « Décret Missions » que sur la conception de l’enseignement. Ainsi, n’a pas été traité le fait que de nombreux enseignants du secondaire déclaraient ne pas croire en « l’éducabilité de tous les élèves ». Or ce qui fonde une école au service d’une démocratie est ce principe d’« éducabilité de tous ». Au-delà des travaux du Pacte, c’est un enjeu qui continuera à hypothéquer notre enseignement s’il n’est pas traité avec intelligence.
On attend que l'école fasse vivre l'espoir d'ascension sociale des familles dites « populaires », tout en garantissant aux classes moyennes leur maintien en place, et en légitimant la reproduction sociale des classes supérieures. La contradiction se vit très crûment dans sa mise en œuvre : l'agent du service public doit accueillir en triant, intégrer en écartant*.
