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Oui à l’e-commerce, mais dans les mains de la concertation sociale

08/02/2022 | FR / NL

Hier, le président du PS Paul Magnette tenait des déclarations chocs au sujet de l’e-commerce. Son ambition : en finir avec le commerce électronique dans notre pays et revenir à « de vrais commerces ». Au-delà des titres caricaturaux, le propos tient du bon sens : il fustige la course à la consommation et à la flexibilité en pointant notamment le débat autour de l’élargissement du travail de nuit. Un langage qui tranche avec les propos du MR et de l’open Vld, fidèles supporters du tout à la flexibilité et du travail de nuit bon marché pour tous.

Ces propos tombent à un moment clé, où le Gouvernement doit justement discuter de la réforme du marché du travail et des règles en matière de travail de nuit pour l’e-commerce. 

Pour rappel, dans le cadre de l’accord budgétaire en octobre dernier, celui-ci avait laissé jusque mars comme délai aux interlocuteurs sociaux pour remettre leur avis et s’accorder sur la possibilité du travail de nuit dans l’e-commerce, par le biais collectif ou individuel. Après cette date et selon le résultat des discussions, le Gouvernement prendra position sur la question. Il s’agit donc d’un moment stratégique. Les déclarations de Magnette ont suscité de nombreuses réactions et remettent l’e-commerce en Belgique au cœur du débat. Mais il ne faut pas se tromper d’ennemi.

E-commerce : l’un des visages du commerce en Belgique

C’est une réalité : l’e-commerce fait partie intégrante du commerce en Belgique depuis de nombreuses années déjà. C’est un secteur qui vit, qui génère également de nombreux emplois et dont on ne peut nier l’existence. Il suffit de voir l’explosion des ventes en ligne, notamment lors de la crise du coronavirus. L’évolution des technologies nouvelles et de notre mode de consommation a fait évoluer la réalité du commerce. 

Il faut compter aujourd’hui avec le commerce en ligne et il faudra compter avec demain. Rappelons que l’e-commerce ne concerne pas seulement des géants du web comme Amazon ou bol.com... L’e-commerce, c’est également le développement du commerce en ligne de plus petites chaînes de magasins ou le petit commerçant qui a aujourd’hui la possibilité de faire livrer des colis à sa clientèle. L’e-commerce s’articule à différents niveaux. Mettre tous les acteurs dans le même sac et vouloir appliquer les mêmes règles manque donc de nuance.

Le travail de nuit est déjà possible avec un encadrement

Le travail de nuit dans l’e-commerce est déjà une réalité puisqu’un accord existe à ce sujet dans le secteur depuis 2015. Celui-ci prévoit la possibilité pour les employeurs qui le souhaitent d’introduire le travail de nuit moyennant un accord, au niveau de l’entreprise, des organisations syndicales, même d’une organisation seule depuis 2017 (passage en force de Kris Peeters sur le sujet). Dans certaines entreprises, des conventions ont d’ailleurs été conclues en matière de travail de nuit mais celles-ci n’ont pas toujours été mises en pratique, parce que le besoin ne s’en faisait pas sentir…

Pourtant, d’après Comeos, représentant des employeurs du secteur, l’élargissement du travail de nuit serait indispensable. Depuis des années, Comeos fait du lobbying intensif pour assouplir plus encore les règles en la matière et pointe du doigt le travail de nuit, plus exactement son coût, comme LA source des problèmes au développement du commerce en Belgique. Ce que Comeos souhaite dans les faits, c’est contourner la concertation sociale afin d'avoir des travailleurs toujours plus flexibles et déréguler le plus possible en termes de coûts. 

Le développement de l’e-commerce n’est pas intimement lié au travail de nuit, comme ils voudraient le faire croire.

Prise de conscience de la surconsommation et de la « surflexibilité »

Nous nous réjouissons de voir que certains responsables politiques, comme Paul Magnette, dénoncent la course effrénée à la consommation et remettent en question la nécessité de pouvoir acheter et consommer 24h/24, 7 jours/7 ou s’inquiètent des conséquences sur la santé du travail de nuit. Dans les faits, des études démontrent que peu de clients e-commerce mettent le « livré dans les 24h » comme la première priorité de leur achat en ligne. Ne pas confondre besoins des clients et caprices. Les travailleurs du commerce ne sont pas là pour répondre aux envies, aux caprices, mais aux besoins des clients. Le 24h/24 n’est pas un besoin… Juste un caprice.

Nous constatons que le monde politique s’inquiète du sort du commerce et de ses travailleurs en Belgique. Mais le vrai débat doit se mener entre les interlocuteurs sociaux. Depuis des années, les organisations syndicales invitent Comeos à mener des discussions autour des évolutions dans le secteur : autour de la création de nouveaux emplois, de l’évolution des conditions de travail, de la transformation des emplois et de l’accompagnement des travailleurs, de leur formation, etc. Le monde évolue et il faut prendre le train en marche. Nous savons qu’il y aura des glissements d’emplois et des défis organisationnels. C’est maintenant qu’il faut pouvoir en discuter. Mettre en place des plans de transformation sérieux et parler des vrais enjeux pour l’avenir du secteur.

Mettre le débat sous les projecteurs est une chose. Décider à la place des personnes concernées en est une autre. Laissons à présent les interlocuteurs du secteur tracer les lignes pour demain. Seules des solutions collectives négociées entre interlocuteurs sociaux pourront permettre de relever ce défi de la transformation du commerce. Il n’y a pas un modèle d’e-commerce. Les expériences sont multiples et doivent être taillées sur mesure. 

Ayons l’ambition que l’e-commerce ne soit plus une formidable usine de travailleurs exploités mais un moyen de transformer qualitativement un secteur qui emploie des centaines de milliers de travailleurs (logistique et commerce).


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